Les « Racines huguenotes » nées il y a 30 ans, avaient à l’origine pour objectif de donner aux parents des catéchumènes des informations concrètes à transmettre à leurs enfants sur les traces laissées dans l’histoire par le protestantisme à Grenoble même et dans la région. Des causeries, suivies de visites sur place, ont eu un tel succès que le groupe s’est élargi bien au-delà des parents concernés et s’est déplacé bien au delà des limites du Dauphiné. Pierre Bolle venu soutenir l’initiative, disposait d’un tel carnet d’adresses que personne ne fut jamais déçu. Aujourd’hui les intérêts du groupe se sont diversifiés : problèmes de société, aspects différents de la vie religieuse, approfondissement et réflexions sur la Foi suscitent l’intérêt. Mieux vaut en effet rester informé avant de « consommer » naïvement.
Actuellement, l’un des objectifs est de discerner ce qui, dans l’histoire des huguenots, peut nous rendre lucides quant à nos engagements à venir dans un monde en crise. Un autre enjeu est l’interreligieux : connaissance de l’autre, œcuménisme… Nous cherchons à associer ou à alterner les moments d’apport culturel et ceux de simple détente.
L’ambiance fraternelle facilite les échanges, que ce soit après les causeries, dans l’autocar à l’occasion des visites faites sous la conduite de guides de valeur, ou dans les soirées festives à Montbonnot. Le programme annoncé, à consommer au gré des disponibilités de chacun, se projette déjà sur les deux ans à venir. Participer aux Racines Huguenotes, c’est une des possibilités offerte dans la paroisse pour un approfondissement des liens fraternels qui se prolongent bien au-delà de la sortie du culte.
Retour sur un des voyages organisés
Un voyage en Franche-Comté
Trente-sept paroissiens ou amis de la paroisse viennent d’effectuer du 8 au 11 octobre 2021 un voyage inoubliable en Franche-Comté. A l’initiative d’Annie-Claude et de Jean-Claude Salomon, originaires de la région, l’équipe d’animation du groupe Racines Huguenotes a de-puis pratiquement deux ans préparé ce voyage. La pandémie a retardé ce projet initialement prévu en septembre 2020, puis reporté en juin 2021, mais n’a pas découragé les inscrits qui savent que Jean-Marc Ayral propose toujours une organisation précise de ces expéditions.
Ce voyage mélangeait la spiritualité et l’histoire de la région dans ses aspects humain, industriel et militaire. Chacune des quatre journées avait son thème et permettait à travers des visites guidées ou des rencontres de mieux comprendre peut-être les Francs-Comtois. Malgré un programme très chargé, les participants n’ont pas eu l’impression d’être bousculés mais sont repartis avec le sentiment qu’à titre individuel ils peuvent revenir approfondir les sujets qui leur sont chers, car ils ont souvent quitté les lieux de visite en regrettant de ne pas tout voir.
Les quatre thèmes choisis étaient : le sel, la spiritualité, les Luthériens et l’art militaire. Chacun a pu découvrir des faits marquants qu’ils ignoraient.
Pour ne pas être trop long je vais décrire seulement quelques coups de cœur et ne pas m’intéresser à toutes les visites ni à leur organisation. Même si j’ai été très agréablement surpris par le « timing » comme dit le sergent-chef qui nous a fait visiter l’hôtel de Clevans, siège du commandement de la première division de l’Armée de terre. Quoique pour certains la marche n’était pas toujours très facile, chacun des participants a fait en sorte que le car puisse partir à l’heure à chaque fois.
J’ai donc découvert l’histoire très particulière du Pays de Montbéliard qui n’a été français qu’à partir de 1678. Jusque-là, le prince de Würtemberg en avait la possession et avait donc imposé la religion de Luther à ses sujets, qui étaient membres du Saint-Empire romain germanique tout en parlant français uniquement. Mais il a aussi accueilli dans un certain nombre de « villages des bois » des migrants huguenots qui fuyaient les persécutions. Comme à notre époque, ce n’était pas uniquement par humanité, mais parce que l’économie locale nécessitait une main-d’œuvre de qualité. Il fallait des forgerons qualifiés. L’historien (amateur éclairé) Pierre Croissant nous a bien montré que l’intégration des huguenots en pays luthérien n’a pas été un long chemin tranquille, même s’ils ont au vingtième siècle partagé la fraternité des armes contre les nazis.
J’ai été très intéressé par la copie du retable qui orne le temple Saint-Martin de Montbéliard, l’original, in-transportable, étant maintenant dans un musée de Vienne (Autriche). Le pasteur Jean-Pierre Barbier nous a fait vivre de plusieurs façons cet ouvrage qui est une illustration très didactique des évangiles en 157 tableaux. J’y ai été plus sensible qu’à la suite de vitraux modernes de Fernand Léger de l’Église du Sacré-cœur à Audincourt.
Nous sommes restés sur notre faim en visitant la Saline royale d’Arc-et-Senans, mais il faut une journée entière pour en faire le tour. Surtout que nous avons trainé devant une exposition suisse de joyeux lurons Plonk & Replonk, de la Chaux de Fond. Je ne les con-naissais pas du tout, à la différence de certains, et après un quart d’heure à me plonger dans leur humour grinçant, j’ai ri comme beaucoup d’entre nous à leurs présentations loufoques.
D’autres participants évoqueront le culte luthérien (mais pas trop) de Montbéliard, ou l’usine de Salins-les-Bains, ou les différents bâtiments et jardins de la Saline royale, ou la chapelle Notre-Dame du Haut à Ronchamp ainsi que le monastère voisin qui ont nécessité quatre architectes de renom (Le Corbusier, Renzo Piano, Jean Prouvé et Michel Courajoud), ou l’aventure industrielle de la famille Peugeot dont on ne retient souvent que l’infime partie automobile, ou la navigation sur le Doubs avec le commandant Aziz, ou la citadelle de Besançon que beaucoup ont quittée à regret. Pour prolonger le voyage, certains sont repartis avec un sac plein de saucisses de Montbéliard ou de Morteau et du Comté, mais vu les repas faits ces quatre jours, ils attendront un peu pour manger leurs emplettes. Jean-Marc devra prévoir la prochaine fois une semaine complète de déplacement.
J’aurais trop de personnes à citer pour être exhaustif, mais ils ont été nombreux à faire de ce voyage un grand succès. Outre les organisateurs déjà mention-nés, il y a eu le chauffeur qui nous a montré sa dextérité pour faufiler les 12,50 m de son bus dans la vieille ville de Besançon, Jean-Paul Lesimple dont le frère général nous a permis de voir un hôtel particulier que même le directeur de l’office de tourisme n’avait pas pu encore voir, les différents guides professionnels ou non qui nous ont fait vivre leur région. Je n’oublie pas la bonne humeur et la discipline de tous les participants.
Jean-François Viguié